Sylvain Laval, le Président du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (SMMAG)
Interrogé par le Dauphiné Libéré sur la gratuité des transports en commun dans l’agglomération grenobloise, Sylvain Laval, président du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (SMMAG) nous éclaire sur son point de vue.
➤ Une nouvelle pétition réclame la gratuité des transports en commun. Que vous inspire cette requête ?
« La vraie question dans notre territoire comme ailleurs, c’est celle de l’offre et de la qualité des transports, notamment la relation entre la périphérie et le centre urbain. C’est le cœur du débat. Quand vous habitez à Crolles ou à Voiron, la question n’est pas de savoir si le ticket est gratuit ou pas, mais si vous avez une offre sérieuse et crédible pour aller vers le centre urbain ».
« Chaque territoire a son histoire. Grenoble a été une des premières à rétablir le tramway ; nous sommes passés à la phase de renouvellement du matériel roulant et ça représente des dizaines millions d’euros, sans compter l’entretien des lignes. Les autres réseaux n’en sont pas là, on ne peut pas comparer ».
➤ Si le SMMAG avait les moyens de la gratuité et d’améliorer l’offre, vous y seriez favorable ?
« En tant que président du SMMAG, le tarif n’est pas le sujet numéro 1 pour rendre le réseau plus attractif. La qualité et l’offre du service rendu, si. On ne peut pas investir des dizaines de millions d’euros sur un réseau et en même temps proposer une mesure tarifaire qui est une fausse gratuité puisqu’en réalité, la gratuité n’existe pas. La question est de savoir qui la paie. Si c’est la collectivité, c’est donc l’impôt des contribuables ».
➤ On ne peut pas demander plus aux entreprises qui cotisent au versement mobilités ?
« Les entreprises sont au maximum (dans la métropole) de la cotisation légale permise par la loi, sur un territoire dynamique. Pour moi, le débat de la gratuité doit se poser à l’échelle du pays, ce n’est pas à chaque territoire de dire s’il y est favorable ».
➤ Il existe quelques gratuités sur le réseau, par exemple des samedis de décembre. Seront-elles renouvelées ?
« Nous y travaillons. Nous avons déjà engagé une grande réforme tarifaire qui se poursuivra cet automne avec l’élargissement de la tarification solidaire puis, sans doute en septembre 2024, une tarification zonale pour un réseau unique entre le Grésivaudan et la métropole. Nous réfléchissons également à des gratuités ciblées événementielles, lors de la Fête de la musique, des Journées du patrimoine, etc. »
➤ Quels sont les besoins urgents du réseau selon vous ?
« Notre objectif pour 2024, c’est d’avoir de nouvelles liaisons directes entre le Grésivaudan et la métropole, en complément de ce qui existe, avec un passage par le campus. Et peut-être de prolonger jusqu’à Vif et Varces où il y a des besoins. Quand on me dit gratuité, je réponds amélioration du service et de l’offre aux usagers qui nous le demandent chaque semaine. Vous avez aussi la question de la cluse de Voreppe à laquelle le RER métropolitain répondra.
Mais, dans une échelle plus brève, des voies réservées pour les bus et le covoiturage sont des réponses plus atteignables. Vizille est aussi en souffrance, nous menons une réflexion sur une voie bus réservée sur l’unique route congestionnée et la construction d’une autre voie réservée sur l’A480 entre Pont-de-Claix et le Rondeau. L’État et Area nous donnent une échéance dans quatre ans, ce n’est pas si loin ».
➤ Mais pas tout proche non plus…
« Le travail est en cours, il avance ».
Source: Le Dauphiné libéré
