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Interview de Corine Lemariey – Inégalités salariales [France Bleu Isère]

Corine Lemariey, Adjointe au Maire de Varces-Allières-et-Risset et conseillère déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations était interviewée lors de la matinale de France Bleu Isère ce lundi 7 novembre.

Depuis vendredi derniers, les femmes travaillent « gratuitement » jusqu’à la fin de l’année, du fait des inégalités de salaire. Et ce, malgré la succession de lois promulguées pour mettre fin à ces inégalités salariales en France. Alors il faut des quotas et de la discrimination positive, estime ce lundi 7 novembre sur France Bleu Isère Corine Lemariey, conseillère métropolitaine déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations.

France Bleu Isère : D’abord, quel est l’écart de salaire entre hommes et femmes dans la métropole de Grenoble ?

Corine Lemariey : Alors au niveau de l’institution métropolitaine, on est comme dans la plupart des collectivités territoriales, autour de 9%, ce qui est un chiffre tout à fait raisonnable – même si c’est évidemment inadmissible – au regard des chiffres qui sont annoncés dans le privé ou même dans d’autres types de collectivités. L’Hôpital, par exemple, est bien moins vertueux et l’Etat aussi l’est moins.

Et sinon, dans le privé, on est autour de 20% d’écart de salaire ?

Oui on est autour de 20 % d’écarts de salaires. Vous avez parlé de cette image très forte et symbolique : depuis vendredi dernier à 9h10, les femmes ont commencé à travailler gratuitement jusqu’au 31 décembre.

Que fait la métropole pour réduire cet écart de salaires ? Quels leviers avez-vous ?

Alors nous avons des leviers en interne d’abord, parce que nous avons une politique d’égalité qui est complètement intégrée à l’ensemble de nos politiques publiques. Nous faisons la promotion de l’accès à des emplois cadres pour des femmes, puisque les emplois cadre sont les mieux rémunérés. On favorise au maximum l’accès à ces emplois pour les femmes. Nous avons aussi une action dans le cadre du régime indemnitaire : nous avons revu les primes de pénibilité qui existaient jusqu’à présent essentiellement sur des métiers techniques dont on sait qu’ils sont majoritairement masculins. Nous avons revu ces primes de pénibilité et cela a permis à des emplois plus féminins, des employés administratifs ou bien des agents d’entretien par exemple, de les toucher.

Et sur les entreprises privées du territoire, là ou il y a le plus d’écarts de salaires, avez-vous des leviers ?

Nos leviers, déjà, c’est d’être vertueux, que la métropole montre l’exemple en ayant des femmes cadres. Je pense que c’est aussi quelque chose de très important. Et puis dans notre schéma d’achats public écologiquement et socialement responsable, nous avons des clauses d’insertion qui permettent d’induire chez les entreprises avec qui nous allons passer des commandes, d’avoir des clauses d’égalité ou des clauses sociales qui favorisent l’emploi de personnes qui sont moins accessibles à l’emploi et notamment des femmes.

C’est-à-dire ? Quand vous passez des marchés publics, vous regardez dans les entreprises qui candidatent si elles respectent l’égalité salariale entre hommes et femmes ?

Voilà, on peut avoir des exigences en fonction de certains marchés. Et puis dans l’éxécution du marché, on peut vérifier la présence des femmes dans l’entreprise et son évolution. Il y a depuis 2018 une obligation pour les entreprises de produire sur leur site Internet un index, un indice d’égalité professionnelle qui inclue notamment l’égalité salariale. Et nous demandons que ces entreprises produisent cet indice. Car même si c’est une obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés, toutes ne produisent pas cet indice. Il y a à l’échelle nationale simplement 60% des entreprises qui le font.

J’ai regardé effectivement sur le site du gouvernement les entreprises qui en Isère doivent le publier. Beaucoup ne le font pas. Que leur dîtes-vous ce matin ?

Eh bien, je leur dis qu’il faut le faire parce que c’est une obligation, c’est aussi un encouragement vis-à-vis de leurs salariés. En Isère comme ailleurs, les femmes occupent ou représentent 48 % de la population active. Donc il serait quand même temps que l’on parle de véritable égalité. Parce qu’on se rend bien compte qu’en réalité, avec les chiffres qu’on vient de donner, on n’est pas encore sur cette égalité réelle.

Faut-il des quotas ? Est ce que vous y êtes favorable ?

Alors moi, j’ai tendance à être favorable oui à la discrimination positive. On l’a vu en matière politique, j’en suis un parfait exemple. Je ne sais pas si, il y a quelques années, au moment d’établir des listes aux municipales, on n’était pas venu me chercher pour « faire le nombre »… Il ne faut pas se leurrer, au début – moins maintenant parce que l’habitude est ancrée désormais – on venait aussi chercher des femmes, dans les petites communes notamment, pour faire le nombre. Et puis les femmes se sont passionnées pour ce qu’elles faisaient, l’on fait très bien pour la plupart, au moins aussi bien que les hommes même souvent mieux. Et donc tout cela, ça partait de discrimination positive et c’était une obligation de mettre des femmes en égalité.

Source: France Bleu Isère

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