NMC-Actualites-02

Interview de Sylvain Laval, Président du SMMAG dans le Dauphiné Libéré : les enjeux de la mobilité à l’échelle du bassin de vie et d’emplois de nos territoires

Sylvain Laval est président du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (SMMAG)

Le président du syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (Smmag), Sylvain Laval, a tenu à réagir aux propos qui ont été tenus lundi soir lors du conseil municipal de Grenoble par des élus de l’équipe d’Éric Piolle. Interview.

Lundi soir, au conseil municipal de Grenoble, des élus de l’équipe Piolle questionnaient votre gestion du Smmag, en fustigeant un manque d’investissement et une propension à vouloir d’abord réduire la dette de ce syndicat des mobilités. Pourquoi tenez-vous à y répondre ?

« Oui, je souhaite répondre à des propos publics, tenus en conseil municipal de Grenoble , que je considère comme mensongers et malhonnêtes. D’abord, je rappelle que le Smmag est un syndicat de coopération composé de la métropole grenobloise, du Voironnais, du Grésivaudan ainsi que du Département. Nous sommes donc au service du large territoire, qui représente 123 communes et près de 700 000 habitants. Les élus de la Ville de Grenoble ne sont pas le nombril du Smmag. »

Vous investissez vraiment ?

« Depuis 2020, nos dépenses d’investissements ont augmenté de 27 %, pour un montant en valeur absolue de 72 millions d’euros pour 2022. Il était de 51 millions en 2021. Et surtout, nous avons choisi de faire cette année une dotation record à la TAG avec un contrat qui atteint 128 millions d’euros ! Un montant jamais égalé ! Quant à la part du budget consacré à la dette, elle est de 16 %. Faire croire que ce serait la totalité est mensonger. »

Pourquoi ces critiques des Grenoblois, alors ?

« Car notre positionnement est clair : pour nous, l’enjeu en matière de politique de mobilités, ce sont aujourd’hui les périphéries. C’est l’arrivée du Grésivaudan, du Voironnais, du Grand Sud. Parce que c’est là qu’on trouve la majorité des populations qui se déplacent pour le travail ou les activités de loisirs. Parce que c’est là qu’il y a les congestions sur lesquelles il faut travailler en priorité. On ne va pas en faire plus dans l’hyper centre urbain, qui est déjà bien doté, mais on veut maintenant apporter des solutions de mobilités alternatives aux territoires les plus éloignés. Et point à ne pas oublier : si on trouve des réponses pour les périphéries, on traite en cascade les problématiques de centre-ville. »

Voilà pourquoi il faut un RER !

« Bien sûr qu’il faut un RER ferroviaire. Mais c’est un projet sur le temps long terme, avec l’État, la Région, etc. Rien ne sert de sauter sur sa chaise et de crier “Il faut aller plus vite”, quand on sait que ces projets prennent au minimum une quinzaine d’années. Les élus doivent être responsables et l’expliquer aux populations. »

Pour nous, l’enjeu en matière de politique de mobilités, ce sont aujourd’hui les périphéries. C’est l’arrivée du Grésivaudan, du Voironnais, du Grand Sud.

Mais il y a aussi des sujets purement grenoblois, non ?

« Oui, mais il ne faut pas s’enfermer dans les seuls sujets réservés aux classes sociales urbaines les plus favorisées, comme celles qui habitent dans l’hyper centre-urbain et qui se déplacent avec des vélos électriques. Il ne faut pas oublier qu’il y a un vrai enjeu social sur les mobilités. »

« Je crois que certains aiment bien rester dans des postures politiciennes. C’est regrettable. »

« Aujourd’hui, les personnes les plus en souffrance sont celles qui vivent en périphérie. J’invite d’ailleurs les élus grenoblois à s’intéresser aux habitants de Coublevie et de Miribel-Lanchâtre. En les rencontrant, on voit bien qu’ils ont de vrais besoins, car pour l’instant, ils n’ont pas beaucoup d’alternatives à la voiture individuelle. »

Pourquoi ces frictions avec les élus grenoblois ? Pourquoi n’arrivez-vous pas à vous entendre ?

« Tous ces sujets sont abordés en réunions de travail, en commissions. Beaucoup de délibérations sont d’ailleurs votées par les élus en question. Mais je crois que certains aiment bien rester dans des postures politiciennes. C’est regrettable. »

Et quand ils vous accusent d’être seulement un gestionnaire ?

« Je suis un élu en responsabilité. Je travaille sur les services publics que nous sommes en capacité d’offrir aux habitants. Je ne suis pas un gestionnaire, ni un argentier. Encore une fois, ce sont des propos mensongers et surtout très stériles. »

On a pourtant l’impression que le centre-ville de Grenoble ne se transforme plus, comme cela a pu l’être sous l’ancien mandat du Smmag, avec l’arrivée des chronovélos par exemple ?

« Quand sont arrivées les chronovélos, c’était nouveau. Comme toute nouveauté, cela a marqué les esprits. Mais surtout, il y a eu alors un gros budget métropolitain consacré au réaménagement du centre-ville, via le projet CVCM (Cœurs de ville, cœurs de métropole). Cette opération s’est achevée, elle est visible et c’est très bien. Mais c’est une opération qui ne peut se dérouler qu’une fois. Maintenant, il y a d’autres secteurs sur lesquels agir. Il n’y a pas que Grenoble. »

Pourquoi faut-il à nouveau changer de PDU (Plan des déplacements urbains) ?

« Quand un syndicat des mobilités modifie son périmètre, la loi impose de refaire ses documents cadres, en l’occurrence le PDU. L’arrivée du Grésivaudan en 2020 nous l’a imposé. Cela a pris un peu de retard, j’en ai pris acte. Mais désormais, le travail doit être fait. En revanche, cela demande du temps, pour les analyses. La fin du PDU 2019 tombera au 31 décembre 2022. Avant, nous aurons enclenché le travail qui sera achevé en 2025. »

Cela va-t-il entraîner des retards dans les projets ?

« Non, cela ne veut pas dire qu’on stoppe tout des projets inscrits dans le PDU actuel. Rien ne nous empêche de mener à bien ce que nous avions décidé de faire, tout en actualisant au fur et à mesure les projets. Car on a traversé une crise sanitaire qui a complètement changé la façon de se déplacer des gens, donc il va falloir le prendre en compte. »

Source: Le Dauphiné Libéré

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